Ce site concerne exclusivement les familles REYNOUARD et RAYNOIRD, dont les origines sont du VIVARAIS,
Nombreuses sont les feux, en AUVERGNE, où je suis né, bien qu'il n'y a pas eu de Président de la République dans cette grande famille, mais je tiens à rendre hommage à Marie-Joseph REYNOUARD, député maire de Besse en Chandesse 63 aidé du Vicomte Louis de MONTRAVEL de Joyeuse, 07, pour le travail énorme qu'ils ont réalisés en commun en 1888 et 1889.
Réalisée en 1980 sous l'impulsion de M. Louis de MENTHON, que je remerçie sincérement.
Celui qui vient pour la première fois à l'Abeille est impressionné par ces gros rochers, par tant de pierres et par le caractère rude et sauvage. Il hésite à continuer ce mauvais chemin.
Et soudain il découvre l'Abeille, il croyait s'être perdu ou arriver au bout du monde, et il trouve une grande maison accueillante et presque confortable.
Il est vrai que ce Mas de l'Abeille a connu beaucoup d'activités pendant des siècles et n'a été que depuis peu progressivement abandonné pour prendre cet aspect de " hameau abandonné " un peu mystérieux, qui nous plaît bien !
Mais si vous êtes, comme nous, séduit par ce lieu et curieux de son passé, vous trouverez rassemblés ici tous les éléments que nous connaissons aujourd'hui de son histoire, bien peu jusqu'au 18ème siècle, avant l'arrivée du ver-à-soie et évidemment de plus en plus jusqu'à ce que nous intervenions, en 1962.
Nous souhaitons exprimer, à travers
ces lignes, tout le respect et l'admiration que nous portons à
ceux qui ont tant travaillé à l'Abeille, pour la
construire ou simplement y vivre, et à nos voisins actuels
qui
nous ont si amicalement accueillis.
La présence d'un important peuplement est affirmée par les nombreux dolmens, au Nord de l'Abeille sur la colline dite du pigeonnier, le " serre de Valès " ; l'Ardèche est d'ailleurs, avec la Lozère, le plus riche en sites historiques.
Les deux haches en pierre polie trouvées à l'Abeille venaient de ces dolmens et confirment une présence en ... 2000 ans av. JC ! D'après la revue du Vivarais, de 1903, Labeaume contenait en 1888, 43 dolmens et 3 menhirs. Mais personne n'a pu nous renseigner sur ces menhirs, bien que le nom de Peyrefit indique leur présence tout près de l'Abeille.
On sait seulement que le vin local était
réputé jusqu'à Rome.
Eh oui ! de tous temps le vin a profité de ce terrain calcaire
et des failles remplies d'excellente terre où la vigne
prospérait sans engrais, mûrissants ses fruits à
" la réverbération des rochers brûlants,
tandis que ses racines étaient au frais sous les rochers
".
Peu de renseignements sur la religion des gaulois : on ne retrouve pas plus de traces de table de sacrifice druidique que de colonne de temple romain.
Mais... ! deux légendes rapportées par des vieux sont fort intéressantes, l'une veut que le Dieu adoré autrefois soir le Dieu " Abeillon ", l'autre que l'Abeille fut située sur le lieu d'un temple.
On peut, à partir de ces deux légendes, faire remonter le nom de l'Abeille à Abeillon, puis Apollon ! On peut aussi le rapprocher du latin Abelus, avec l'usage qui en est encore fait en patois où un troupeau de moutons est abeillard !
Nous préférons ne pas trancher,
et restons ouverts à d'autres explications.
Il y eut un camp à Bois Saint Martin.
Pendant tout le Moyen-Age, les terres de la Paroisse de Labeaume appartenaient pour moitié aux Evêques de Viviers et pour moitié aux Seigneurs féodaux.
Il y avait, en haut du village de Labeaume, un château dont on voit encore les ruines. Le premier Seigneur de Labeaume apparaît en 1247. Il descent de la famille de SAMPZON et fera souvent partie de la maison de Balazuc, (annexe 1).
En 1281, on apprend que la Seignererie de Labeaume appartenait déjà à plusieurs familles (de Labeaume, de Naves, de Rostaing), mais en 1302, Dragonet de Chateauneuf, sire de Joyeuses, rachète toutes les terres, se fait reconnaître et rendre hommage par tous les habitants de Labeaume, et de son côté, rend hommage aux Seigneurs Evêques de Viviers, (annexe 2).
Les habitants habitaient alors dans le village de Labeaume, près de la rivière, et montaient travailler les terres du plateau. Seules quelques maisons existaient sur le plateau, depuis le 15ème siècle, dont l'Abeille et Bois Saint Martin, avec peut-être un petit rôle défensif. A cause de la taille grossière des pierres, le " bercail " serait antérieur au 15ème siècle. Impossible de dater la curieuse voûte qui apparaît dans le mur Est.
Ces guerres, interminables, violentes, confuses et terriblement sanglantes, n'épargnèrent certainement pas la région, mais on n'entend pas parler de la paroisse de Labeaume. On peut cependant penser qu'elle est restée très attachée au catholicisme, et, Guillaume, Vicomte de Joyeuses est le premier à prendre les armes contre les protestants en 1561.
Dans le livre de F. BOISSIN " Jean de la Lune ", histoire très romancée du camisard Jan CAVALIER, on parle bien de la grotte du Malpas où les derniers partisants de Jean de la Lune se seraient réfugiés et près de laquelle il se serait marié en 1705. Ce Malpas est entre le champ-long et Lauze, sur la route qui était alors la seule directe entre Vallon et Largentière. On en reparle à propos des brigands qui venaient rançonner les fermes. Le dernier, pendu à Privas, y aurait laissé " un pot en terre rempli d'écus et couvert d'une pierre de grès ". Son entrée serait grande comme celle d'un four à pain.
Vers 1586, la peste s'ajoute encore aux ravages des guerres.
Le grand développement de l'Abeille a certainement coïncidé avec l'apparition du ver à soi et l'Abeille devient une énorme magnanerie. Bien qu'introduit en France au 16ème siècle et relancé par Olivier De Serres au 17ème siècle, le mûrier ne fît sans doute pas son apparition à l'Abeille avant le 18ème siècle. Beaucoup de familles de Labeaume quittèrent alors le village pour construire une maison sur le plateau avec une magnanerie et planter beaucoup de mûriers.
On peut penser que c'est au 18ème siècle que l'Abeille subît le plus de transformations, d'une part, pour construire la magnanerie actuelle (salle de concert), d'autre part pour loger d'autres familles. A la maison principale occupée par des Sévenier et peut-être des Tourre, s'ajoute au Sud la Tramette (Vincent) à l'Ouest la maison de Lucie (Sévenier), au Nord, la maison à arcades (Vincent puis Raynouard), au Sud encore, la maison des Soeurs (de Saint Joseph).
L'Abeille vivait alors en autarcie et s'ils travaillaient beaucoup, les habitants ne manquaient de rien. Ni chevaux, ni mules, mais des boeufs pour quelques terres et la plus grande partie était travaillée à la main. On voit encore les 4 aires de battage pour les céréales (froment et avoine).
Il faut suivre le petit chemin taillé dans le rocher du Clos de Burnou, longeant un mur, enjambant une faille et toujours serpentant entre les parcelles cultivées pour imaginer le soin et la peine qu'il a fallu pour travailler cette terre et la valeur qu'on lui donnait. Bien sûr, maintenant les chênes ont tout envahi, ainsi que l'alisier, le cornouiller..; mais il faut voir à travers.
Pas un coin n'est resté inculte et les pierres retirées étaient soigneusement empilées pour prendre moins de place ( d'où ces gros tas de pierres, clapias). La principale culture était la vigne, le vin se vendait bien, surtout aux gens des Cévennes et du haut plateau ardéchois, car il se bonifiait avec l'altitude. L'Olivier était l'objet de soins attentifs, on voit encore le beau moulin à huile et les grandes auges de pierres qui étaient destinées à la conserver. Le Figuier était une source importante de réserves pour l'hiver. Il y avait aussi l'Amandier, le Châtaignier, le Cerisier, le Poirier dont il reste de nombreux témoins.
Mais le plus intéressant de tous
était certainement le mûrier dont on ramassait les
feuilles au printemps pour nourrir ces fameux vers à soie.
Pendant le mois que durait le plus gros du travail on embauchait
et il y avait plu de 4 personnes à table à l'Abeille,
on ramassait 90 tonnes de feuilles !!! pour nourrir des millions
de vers. En 1830, l'Abeille a vendu 3.000 kg de soie !
Pendant tous les mois d'hiver et jusqu'à ces dernières
années, on voyait passer les gens de la montagne. Ils n'avaient
ni le vin, ni l'huile, ni la soie, seulement les châtaignes,
et lorsqu'ils avaient fini leurs réserves, ils venaient
s'embaucher dans la vallée. On leur donnait toujours la
soupe et un coin pour dormir et on les gardait tant qu'il y avait
du travail. L'Abeille était une des fermes qui les employait
toujours. Ils ont dû en déplacer des pierres.
Chacun savait tailler la pierre et monter des voûtes. Toutes les carrières de Labeaume marchaient bien, on refusait régulièrement les ponts emportés par les violentes crues, les grands ouvrages pour le chemin de fer, le socle de la statue de la liberté de New-York... (la plus grosse crue de l'Ardèche, en 1890, emportera 28 ponts et l'eau montera de 21 mètres au Pont d'Arc).
Le bois du Serre de Valès était coupé tous les 20 ans pour faire des poteaux de mine et du combustible pour les tuileries.
A Labeaume, en plus des deux moulins, il y avait un maréchal, un tonnelier et un menuisier.
Chapias devint une deuxième paroisse, conséquence inattendue de la révolution, car les prêtres Sévenier qui ont fait voeu de construire une chapelle étaient poursuivis par les comités révolutionnaires.
Evidemment cette richesse de Labeaume attirait les brigands qui ont continué à piller les fermes isolées jusqu'en 1850, prenant la soie ou l'argent que les gens cachaient avec soin.
En 1850, construction des ponts de Labeaume et de Ruoms (le3°, le précédent était suspendu et à péage) ainsi que la route des tunnels qui conduira à l'abandon de l'ancienne route, celle du Malpas et de l'Abeille.
A partir du milieu du 19ème siècle, une série de malheurs va s'abattre sur le pays : maladies de la vigne (phylloxéra), des vers à soie (pébrine, apparue en 1853 qui fera baisser la production de 90 % en 10 ans, de 26 tonnes à 4 tonnes) et de (2 épidémies de choléra en 1854 et 1884). Certains partiront, d'autres mourront sans héritier et en 100 ans l'Abeille sera abandonnée.
En 1903, à la mort d'Adolphe Sévenier,
dernier cultivateur il ne restait que ses deux héritiers
: Adolphe et Emma qui ne s'entendront jamais. Adolphe, "
le dolfou ", est représentant en pastis, vit surtout
à Aubenas ; il meurt à l'Abeille en novembre 43.
Sa soeur Emma vivra seule jusqu'en février 56 (elle mourra
après avor été bloquée 4 jours par
la neige et le froid).
- Chez les Raynouard, la famille reste jusqu'en 1925, puis s'installe
à Champrenard.
- Chez les Vincent, Clémentine, la dernière meurt
en 1903, son mari, Victorin Dufaut va à Alès. Une
locataire, " la sulée ", restera à la
Tramette jusqu'en 1920.
La chorale des Petits Chanteurs de Saint Louis, fondée en 1951 à l'aumônerie du Lycée Janson, de Paris, découvre l'Abeille en 1962. Elle avait alors une trentaine de ténors et basses qui formaient une équipe solide, soudée et dynamique à la recherche d'une activé autre que le chant.
Depuis un an, ils cherchaient dans les ports un vieux bateau à retaper et rêvaient de parcourir le monde. Mais en quelque mois, au cours de l'hiver 61-62, ce rêve sera remplacé par un vieux mas abandonné, envahi par les broussailles, perdu dans les rochers et les bois.
L'enthousiasme est immédiat chez tous, et le désir impérieux de se lancer dans l'aventure et, sans doute de découvrir dans l'effort une autre existence dans ce cadre si beau et si sauvage.
Les démarches d'achat sont rapides,
car les héritiers cherchaient à vendre, par contre
il faudra plusieurs années pour réunir l'argent.
Une association est crée dont le but est triple :
- Aménager l'Abeille pour y recevoir les petits chanteurs,
les anciens et futures familles,
- Redonner vie au pays selon le voeu du Dr Richard,
- Elargir l'action de la chorale en organisant des manifestations
artistiques et culturelles (annexe 3).
Dès juillet 1962, c'est la grande aventure : la Chorale y passe le mois de juillet à débroussailler et à s'installer. Il faut chercher l'eau avec des seaux à la citerne des soeurs ; on couche dans la paille, il fait très chaud - il ne tombera pas une goutte d'eau pendant les 3 mois d'été ! Les premiers apports : deux pianos et des concerts !
La Chorale est très bien accueillie par les habitants de Labeaume, elle donne des concerts, chante les messes dans les deux paroisses et se montre très respectueuse des gens et des choses. Il y avait encore un curé et c'est lui qui nous a introduit dans ce pays très pratiquant.
Avec l'enthousiasme du début, il y eut bien quelques problèmes ; chacun rêvait l'Abeille à son idée et chaque année on essayait de retrouver un idéal commun. Mais la vie s'organisait autour de quelques dates : - Pâques, avec les grands pour faire avancer les travaux, - Juillet avec les petits chanteurs, des concerts et souvent d'autres chorales, - Août avec la troupe de théâtre qui donnait un spectacle et le 25 Août qui était l'occasion d'une fête avec tous les voisins.
Beaucoup de grands se sont mariés, dont un à l'Abeille, mais la chorale continuait à alimenter la réserve de " bonnes volontés " et d'idées nouvelles ! Quelques déceptions, car bien des projets restaient morts et les ateliers furent longs à se monter, et quelques expériences malheureuses, car certains groupes n'apportaient rien. Mais le bilan était très positif, l'Abeille était toujours un lieu de rêve qui avait bien contribué à conserver la vie sur le plateau et en 1972, le 10ème anniversaire de notre arrivée fut l'occasion d'une rétrospective émouvante.
Depuis bien sûr, deux éléments nouveaux sont venus modifier les mentalités : 1) Labeaume subit l'invasion croissante des touristes l'été et des résidences secondaires et l'Abeille, en ni changeant pas, prend une valeur encore plus exceptionnelle. 2) L'Abeille a atteint un certain degré de confort, qui lui permet d'accueillir beaucoup de gens, même des jeunes enfants, mais qui fait qu'il n'y a plus de travaux urgents et que les tâches à accomplir ne s'imposent plus avec la même évidence.
L'Abeille est toujours avant tout la maison de la Chorale, de ses Anciens, de ses Amis et de ceux qui partagent son idéal et veulent participer à une vie active et collective.
Elle se propose :
- en priorité de sauvegarder la beauté, le calme et le caractère rude et sauvage du pays, de préserver les vestiges du passé et les coutumes locales, et de maintenir la qualité de nos relations avec nos voisins.
- de développer les ateliers pour permettre à chacun de s'exprimer mais aussi pour produire sur place ce dont on a besoin.
- d'être un cadre privilégié pour les activités musicales et artistiques réunissant tous les âges.
Annexe 1 LES SEIGNEURS DE LABEAUME
Depuis 1197, les Seigneurs de SAMPZON se qualifient de co-seigneur de Labeaume et de Saint Alban. Cette famille disparaît en 1442.
En 1789, à l'assemblée de la noblesse à Villeneuve de Berg, on cite Messire " Rocher " de Labeaume, co-seigneur de Labeaume, seigneur de Pra.
Les Balazuc, du 11ème au 14ème siècle, furent les suzerains du Bas Vivarais, les autres seigneurs n'étaient que leur vassaux ; mais du 14ème au 18ème siècle, ils s'appauvrissent, en particulier au profit des Vogüe qui, en 1783, achèvent d'acheter tous leurs droits de suzeraineté.
Annexe 2 RECONNAISSANCE 1779
Le seul document ancien trouvé à l'Abeille est une " reconnaissance " faite par le sieur Pierre Sévinier, du mas de l'Abeille, le 8 septembre 1779, au Seigneur de Joyeuse.
" La très puissante et très illustre Princesse , son Altesse Sérénissime Madame Marie Louise de Rohan Soubise, gouvernante des enfants de France, dame et unique propriétaire du Duché de Joyeuse et dépendances, veuve du très haut, très puissant et très illustre Prince Monseigneur Gaston Jean Baptiste Charles de Lorraine, comte de Marsan ".
C'est elle qui, dix ans plus tard, le 14 décembre 1787, vendra tout à Jean Louis Damien de Tardy de Montravel, pour 133.250 livres.
Cette reconnaissance nous décrit les différentes pièces de terre avec leur emplacement, leur superficie et leur nature : " terre ou blache, pré, labourière à vigne ou oliviers, buissières... " ainsi que leur " cense " (fermage).
Ainsi pour un total de 112 arpents 56 perches (environ 47 hectares) le sieur Pierre devait apporter au château de Joyeuses, à la Noël " demi gelli ne et un sol onze deniers et demie argent " et o la Saint Michel, " un boisseau et demie avoine et dix quartières et deux boisseaux froment, mesure censuelle de Labeaume ".
Nous apprenons en même temps qu'à cette époque le sieur Sévenier partageait, en indivis, avec le sieur Tourre : le moulin à huile et le four du mas de l'Abeille.
D'autre part, nous savons, par les reconnaissances citées en références, que les habitants précédents étaient en 1718, Jean Sévenier, en 1624 et 1585 Guillaume REYNOUARD.
Annexe 3 ", en 1830 : 2500 à 3000 kg de cocons (soit : 200 à 250 kg de soie). Les ouvrier étaient payés en écus de 6 frs. Plus de 40 à table en deux services, ils couchaient dans la paille. C'était dur , surtout avec la pluie. A la fin, on n'arrêtait pas, jour et nuit ".
" Il y avait un marché à Champrenard, un autre à Chapias, on y vendait les cocons, ou la soie. En 1803, le kilo de soie valait 5 francs or ".
" Il faut environ 500 cocons pour faire 1 kilo de soie ".
" L'élevage commence en Avril, quand apparaissent les premières feuilles de mûrier. On réchauffe, dans un éclosoir, les fraines, (les ufs de Bombix soigneusement gardés depuis un an), pour les faire éclore. Les vers, au bout d'un mois, après plusieurs mues, atteignent la taille d'un doigt et mangent alors sans arrêt. Ils craignent beaucoup le froid. Les vers installés sur de grands plateaux, remplissent toute la magnanerie, sur toute sa hauteur. Des feux sont entretenus tout autour de la pièce pour empêcher la température de descendre au-dessous de 25° ".
" On installe les branches de bruyère avec l'espoir qu'il va y monter pour faire son cocon (400 à 1000 mètres de fil ! ). C'est la période la plus dure et dramatique, car il ne monte pas toujours, ou redescend. Cela peut durer 10 jours ".
" On allume alors les feux sur la terrasse en face de la magnanerie pour faire bouillir de l'eau dans de larges bassines de cuivres. C'est dans l'eau bouillante qu'il faut étouffer le ver pour tuer la crisalide, enlever les fils emmêlés (bourre) qui entourent le cocon et attraper le bout du fil ".
Cette bourre était ensuite filée
et tissée sur place. On obtenait un épais tissu
de soie, la bourette dont on faisait des rideaux, des couvertures
ou des costumes. Les habitants de Labeaume venaient à l'Abeille
se faire faire un costume en bourette qui leur durait toute la
vie.
En 1979, F. Thoulouse a porté 4,5 kg de cocons dans le
Gard qui lui ont été payés 50 frs le kg.
100 gr de vers = 8 kg de soie.
La soie existait en chine 3000 avant JC !
La Pébrine fait passer en 10 ans la production de 26 tonnes à 4 tonnes.
IMPRESSIONS ECRITES... (1903 - 1920)
Le vin était très renommé... l'olivier et le figuier prenaient dans ces failles des proportions énormes... les figues, séchées en quantité, étaient d'un grand profit... les mûriers prospéraient aussi .
Aujourd'hui tout est évanoui. Il n'en reste que le souvenir.
Un employé du cadastre, n'ayant su comment définir ce terrain le qualifia de " rochers plantés.
... l'eau est rare dans ces parages et se paie souvent plus cher que le vin, lorsqu'il faut aller la chercher à la rivière, car souvent les citernes sont à sec.
1903 - L. De Montravel (la revue du Vivarais)
Terre d'os et de muscles, sans chair. E.M. de Vogüé
On ne peut se rassasier d'en admirer
l'horreur.
M. Pencati, géologue italien
Nous entrons dans un grand pays mystérieux, sous le soleil
et le vent chargé d'arôme... les habitants sont,
on traverse des kilomètres sans trouver une maison, un
champ. Et pourtant que de nuances, quel harmonieux mélange
de grâce et d'âpreté donnant au paysage un
charme indéfinissable.
L. PIZE (Le Vivarais)
Au milieu d'une vaste plaine nommée le Malpas, vous n'apercevrez que des rochers puissants par leur masse et leur élévation. ...Et entre ces rochers, vous verrez s'élever des arbres plein de sève et de vigueur... la nature s'est plue à réunir et à confondre la vie avec la mort, la stérilité la plus désolante avec toutes les splendeurs d'une féconde et abondante végétation... vous saisira d'étonnement et d'effroi tout à la fois.
Annexe 4 ACHAT DE L'ABEILLE ET PRINCIPAUX TRAVAUX
1961- Fançois Orlac passe un mois
aux Vans (Ardèche), fait la connaissance du Dr. Richard,
érudit et fervent enthousiaste des Cévennes, et
découvre d'innombrables villages abandonnées.
Septembre - Louis de Menthon et Jean-Michel Metter, sur son conseil,
visitent les mêmes coins et voient l'Abeille.
Octobre - François Orlac et pierre Joël pinat vont
voir aussi.
Novembre - Les mêmes et patrick Delage qui demeure à
Clermont-Ferrand, rencontrent Amblard (vendeur).
1962 - L'enthousiasme s'est communiqué,
le rêve se précise, l'aventure devient possible.
La chorale ne peut acheter, on forme une association, baptisée
l'Abeille, dont les membres sont la chorale et dont le but est
la " création et aménagement d'un centre d'activités
artistiques et culturelles ".
Pâques - Tous les grands visitent.
Juillet - La chorale s'y installe. On débroussaille !
Octobre - On signe l'acte.
1963 - Echange de la maison Raynouard. Démolition du mur de la cour Nord. Lavados, cabinets, terrasse.
1964 - On finit de payer l'Abeille, OUF
!
Dortoirs, électricité aux soeurs.
Premier observatoire !
Antigone, premier spectacle de la troupe Ollier.
1967 - Nouvelle salle à manger + cuisine, bancs et tables.
1970 - Poterie (Jean-Luc) " Don quichotte "
1971 - Forge. Mariage Jean Faure.
Achat de la Tramette (Société Civile le Fabrégou).
1976 - Cambriolage
1979 - Incendie
L'ABEILLE AUJOURD'HUI
Ressources actuelles de l'Abeille :
- de l'herbe pour les moutons et des
feuilles pour les chèvres
- quelques lapins et perdreaux laissés par les renards
et les blaireaux; ... et des chats
- des champignons vineux, blanchoux, de pied, sabatels... et des
truffes !
- quelques châtaignes, olives, noix et des " coste-serres
"
- des oiseaux, des cigales et beaucoup d'insectes
- des mûres pour les confitures
- du bois de tournerie (buis, cade, merisier..)
- et du bois à couper pour se chauffer tout l'hiver.
Climat
Généralement beau, et plus chaud l'été que froid l'hiver. Printemps merveilleux. Eté très chaud et sec (souvent 4 à 5 mois sans eau). Automne merveilleux avec gros orage pour remplir la mare et les citernes. Hiver souvent beau, avec petit mistral (Brr), pas de neige.
Eau
Denrée très rare ! Une seule citerne qui recueille les eaux de pluie, à user avec parcimonie !
Flore
Arbres et arbustes par ordre d'importance
et avec leur nom local
- chênes pubescents " rouire " " chabasse
" ou " ravajou " (rejets)
- chênes verts " néoussés "
- genvriers " cades "
- alisiers " aligiers "
- micocouiller " fatouillés " " fabrégous
"
- cornouillers " sanguine "
- pistachiers térébenthe " purlin "
- luriers
- châtaigniers
- érable de Montpellier " adja "
- mûriers, oliviers, buis , figuiers, cerisiers, aubépines,
- merisiers " chinchiniés "
Plus rares
- pérussiers
- fusains, ormes, noyers
- pins, sorbiers, néfliers
- grenadiers, pauliures, filarias
Arbrisseaux Sous - arbrisseaux
- prunelliers " agrenas " - thym, sarriette, lavande
- ajoncs " arjevels " - asparagus, sauge, verveine
- ronces, églantiers, lierres
- salsepareille, vigne vierge, clématites
A l'Abeille - Victor Adolphe Sévenier
dit " le Père Abeille " marié à
Rosalie Dupuy (fille de Etienne Dupuy)
Adolphe SEVENIER son fils, représentant en pastis. Emma
SEVENIER sa fille, obtient malgré sa protestation "
énergique " sa part de l'Abeille. Emma vit avec sa
mère à Chapias puis s'installe aux Soeurs en 1920
puis à l'Abeille.
1943, 25 novembre, Adolphe meurt à l'Abeille sans héritiers.
1956, 15 février, Emma meurt " de froid " sans
héritiers.
Accolée à l'ouest : la maison de Lucie Sévenier, soeur de Victor. Cette maison faisait partie de la part d'Adolphe ; en 1907 le toit s'est effondré.
Accolée au Nord la maison RAYNOUARD,
construite en 1813, achetée par Ernest Raynouard ; sa femme
Henria Maigron, est de la Lauze. Toussaint Raynouard, leur fils
y passe son enfance.
1925, ils quittent l'Abeille pour s'installer à Champrenard.
1927, mariage avec Marie Crespin.
1930, naissance de Raymond Raynouard qui épouse Simone
Maigron, 3 enfants, Max, Michel et Annie.
A 200 mètres, les Soeurs (lieu
dit Chamisière) 1866, Eléonore SEVENIER, soeur d'Adolphe
entre au couvent des Soeurs de Saint Joseph qui font construire
la maison en 1866, sur le terrain donné en dot. Un berger
y vit toute l'année, les soeurs y viennent à l'époque
du ver à soie.
1920, Emma rachète la maison + 16 hectares pour 1500 frs.
Encore plus au midi, la TRAMETTE : Jean
Louis Vincent, fils de Jean VINCENT, 2 filles Ursule et Marie.
Ursule épouse Michel Bastide, teste en 1892 (1 avril) en
faveur des 2 filles naturelles de sa soeur Marie. Meurt en 1898
à l'Abeille.
Marie a 2 filles : Marie et Clémentine qui épouse
le 4 février 1892 Jean Victorin Dufaud, meurt à
Labeaume le 7 novembre 1902. Victorin Dufaud quitte l'Abeille
pour Alès, et meurt le 15 février 1934, 3 enfants.
Les Dufaud viennent de la Tunne, une soeur de Victorin épouse
un Maigron. Une locataire, la Sulée habite jusqu'en 1926
; le toit est enlevé en 1946.
La Chorale rachète en 1970 et remet le toit.
Merci de votre lecture.